Composition
J’évoque ci-après les particularités des éléments du projet, volontairement dans un ordre du haut vers le bas, dans le sens de la charge émise lorsque quelqu’un s’assoit sur le tabouret.
Panneau du plateau d’assise
Une composition strictement géométrique et rigide du billot devait être évitée. Je trouvais néanmoins intéressant de conserver son agencement en mosaïque car il simule facilement un effet étourdissant. Il n’était en outre souhaitable que son apparence provoque une distinction excessive par rapport au reste du bâti.
Sa constitution selon des anneaux concentriques rappelle les cernes d’un tronc d’arbre, et est en adéquation avec la forme circulaire de la ceinture. Chaque unité qui le constitue est tracée selon les rayons intermédiaires, entre les axes de référence de la vue en plan. Les anneaux sont disposés en décalage par rapport aux jointures, et devaient initialement être embrevés grâce à la taille d’une rainure et d’une languette. Leurs éléments, par contre, ne pouvaient être techniquement aboutés en raison de leur petitesse.
Le dessin « en portefeuille » apporte une esthétique remarquable mais aussi une certaine part de solidité au puzzle. Un binôme de pièces présente en effet des fibres contrariées.
L’usage de petits tronçons débités en faux-quartier évite une importante déformation du panneau. Le cas échéant, cette dernière serait contenue par la ceinture du plateau.
Ceinture du plateau d’assise
Elle se compose de quatre courts segments. Leur liaison se réalise par une enture constituée d’un double sifflet à plans obliques (miyajima-tsugi – 宮島継), immobilisé par une clef taillée légèrement en pyramide, et selon un parallélogramme (shachisen – 車知栓). Il permet de retenir le fléchissement de chaque portion, mais aussi leur mouvement de retrait, ou encore celui latéral, induit par la dilatation du billot.
L’assemblage des pièces se déroule en deux temps. Les axes de déplacement des paires permettent l’introduction simultanée de la languette dans la rainure du billot.
Pour la découpe de l’anneau et le façonnage de la languette, il est nécessaire de verrouiller temporairement les assemblages et, par ailleurs, prendre en compte l’instabilité dimensionnelle du plateau. Le diamètre intérieur de la ceinture est égèrement supérieur à celui du billot. Les shachisens sont retirés et remplacés lors du montage final.
La clef du sifflet est seulement visible sur la deuxième face afin de ne pas dévaloriser l’aspect décoratif du billot. Ceci évite aussi de surcharger les détails fibreux offerts par la taille des quatre éléments ou par leur propre rencontre. Les pièces sont en effet alternées par rapport à leur débit afin de présenter une marbrure différente sur leurs faces.
Décharges
Ce terme est emprunté au vocabulaire spécifique de la charpenterie [1]. Je nomme de la sorte la pièce de mon projet qui relie la ceinture du plateau d’assise à la traverse supérieure. Ceci s’explique par le fait qu’elle occupe une fonction par analogie à celle d’un élément du système de composition traditionnelle d’un pan de bois.
La forme de sa section s’évase vers l’extrémité en lien avec le plateau, plutôt que d’être affinée et donc affaiblie. Les bras et les pieds sont taillés de cette manière, mais inversement.
Ce choix s’explique par la contradiction volontaire d’un dictat esthétique, poussé parfois jusqu’à son paroxysme lorsqu’il donne une impression de gracieuse fragilité.
Vue de face, la combinaison d’un membre supérieur ou inférieur dessine une silhouette en « X » – géométrie triangulaire, robuste, qui compose l’ensemble du tabouret.
Liaison à la ceinture du plateau d’assise
Un tenon épaulé avec flottage à vif, immobilisé par cheville.
Le flottage, partie du parement de la décharge, vient rompre la ligne courbe du plateau. Ce jeu entre orthogonalité et fluidité sera retrouvé sur tout le projet. Les quatre « excroissances » ainsi formées rappellent par la même occasion les deux axes passant par les quadrants. Leur fonction première n’est toutefois pas d’application, le tabouret ne devant être exposé aux intempéries.
Cette extrémité renforce par ailleurs la fonction des épaulements, pour ce qui est de la contrainte de basculement latéral – celle-ci induite, bien que peu probable, par le fléchissement de l’assemblage de la ceinture du plateau (double-sifflet).
En ce qui concerne plus particulièrement la forme donnée au flottage et à l’entaille pratiquée dans la ceinture. Celle-ci n’était pas initialement décidée comme suit. Elle a été effectivement rectifiée, de justesse, grâce au discernement d’un ébéniste bruxellois, et selon les suggestions de l’un de mes professeurs.
L’inclinaison permet que le joint, le jour, à la surface du plateau soit moins visible. La profondeur de l’ombre créée est « arrêtée ». Par ailleurs, d’un point de vue mécanique, les fibres des éléments de la ceinture ne sont pas rompues sur toute leur épaisseur. La base du flottage est également rendue plus solide, ce qui me permettra de réduire fortement la partie saillante, lors de sa sculpture ultérieure, sans pour autant déforcer totalement son utilité systématique.
Liaison à la traverse supérieure
Un embrèvement simple avec tenon (kashigi-ooire – かしぎ 追入), immobilisé par cheville.
En fonction des angles composés par la rencontre de deux pièces au sein d’une structure porteuse, des choix doivent s’opérer pour déterminer les dimensions, et formes de leur embrèvement.
Dans ce cas-ci, l’about transmet toute la charge. Le tenon, lui, ne doit buter au fond de la mortaise.
Traverses supérieures et inférieures
L’about de la traverse supérieure est arrondi, il engendre la forme galbée vers la décharge. Tandis que celui de la traverse inférieure est pointu, enfoui dans le repose-pieds.
Liaison avec le tronc
Un trait de Jupiter oblique avec épaulements (shiho-kama nimai-kama – 志保鎌 二枚鎌), immobilisé par un coin (kusabi – 楔).
Pour pouvoir déterminer la géométrie de cet embrèvement multiple, j’ai tout d’abord étudié les références dont je disposais : quelques photographies dans un ouvrage littéraire spécialisé [2] et un dessin technique [3] retrouvé sur l’Internet. Il s’est avéré assez rapidement que les indications données par ce dernier étaient trop approximatives voire complètement erronées. Je dus dés lors expérimenter le fonctionnement de cet assemblage pour pouvoir le comprendre réellement.
Grâce à l’application de contraintes paramétriques du logiciel Autocad®, je suis parvenu à formuler mathématiquement non seulement les rapports dimensionnels des quatre parties de l’assemblage, mais aussi les espaces de dégagement nécessaires pour leur montage dans l’élément montant.
Compte tenu de la position oblique des traverses présentes dans le projet, je prévois une répartition des coins différente de celle déterminé dans la littérature consultée. D’après les photographie, on peut remarquer effectivement une complémentarité crée par deux coins s’opposant. Une paire est introduite dans la partie haute de la mortaise, alors que la seconde, elle, est placée dans la partie basse. Pour ce tabouret, les coins servant aux traverses supérieures sont tous introduits dans la partie basse de la mortaise, alors que ceux servant les traverses inférieures sont tous insérés dans la partie haute de la mortaise.
Liaison avec le repose-pieds
Un faux tenon, immobilisé par chevillage (komi-sen – 込栓).
Je décide d’avoir recours à un auxiliaire plutôt que de tailler le tenon directement dans l’about de la traverse inférieure. Les fibres de cette dernière se présentent très obliques par rapport au segment du repose-pieds, et par conséquent, offriraient relativement peu de solidité après chevillage.
L’embrèvement de l’about tout comme l’entaille exécutée sur le flan de la traverse complémentent l’usage du faux-tenon. Ils permettent de supporter la torsion du repose-pieds.
Tronc
De tout l’ensemble, il est le seul élément complètement symétrique. Toutes les charges lui seraient transmises.
Repose-pieds
Outre le confort donné par cet élément, le cerclage des pieds doit contenir un mouvement de balancier, d’écartement, qui pourrait briser leur tenon.
J’ai éprouvé des difficultés à trouver une liaison adéquate pour réunir ces quatre segments courbes. Dans un tel cas, les menuisiers réalisent couramment une enture droite, en trait de Jupiter, verrouillée par un coin (d’une forme différente de celui exécuté par les charpentier). Mais un tel assemblage ne pouvait être exécuté compte tenu du petit rayon de courbure, et de l’étroitesse des pièces.
Je privilégie alors un assemblage par enfourchement avec un arasement en angle sur les parements, immobilisé par chevillage. Le flambage et le retrait sont par conséquent repris.
L’assemblage des quatre segments formant le repose-pieds se déroule de manière simultanée – les enfourchements se rencontrent, tandis que les faux-tenons s’emboîtent.
Pieds
Ils s’embrèvent aux traverses inférieures avec un tenon, immobilisé par chevillage (kashigi-ooire – かしぎ 追入).
Pareillement aux décharges, ils sont taillés en contre-fuseau.
Chevillage
Les chevilles de bois utilisées dans ce meuble évitent l’éventuel désassemblage du tabouret lorsque celui-ci est levé et transporté. Elles n’auraient que peu de fonction structurelle lors de la mise en charge, à un tel point que je les conçois comme étant plus faibles que les parties qu’elles maintiennent. Avec une telle précaution, les tenons ne peuvent se rompre en cas d’arrachement.
Ce parti pris est inhabituel en ébénisterie / menuiserie / charpenterie, mais je tiens à l’expérimenter, poussant encore plus loin les principes chers aux restaurateurs et conservateurs de meubles et œuvres d’art.
Par ailleurs, le système de chevillage employé est qualifié « à la tire ». Il prévoit un léger décalage des perçages de la mortaise et du tenon, selon l’axe de la profondeur. L’insertion de la cheville entraîne le tenon dans le fond de la mortaise et assure donc le parfait serrage de l’assemblage.
J’effectue plusieurs tests pour déterminer le diamètre minimum d’une cheville en noyer. (La même essence est utilisée pour la fabrication des coins et clefs) Celles d’un diamètre de 3,5 mm ne cassent pas durant leur introduction par la frappe.
[2] GRAUBNER, Wolfram. 2002. Assemblage du bois : L’Europe et le Japon face à face. Dourdan : Éditions Vial. p. 71 et 72.
[3] élaboré par Susanne Kerndle, étudiante de la section 2011 en architecture à l’Institut für Architektur und Medien de Graz, en Autriche, disponible à l’adresse https://iam.tugraz.at/studio/w11_bl...
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