click to open the menu

Un manifeste du design de collection / Collectible design

not-a-torii

pinus sylvestris / prunus laurocerasus / quercus robur

PARADOXES

not-a-torii
La dissonance des forêts productives dissuade les oiseaux de chanter. Alors que la sylviculture intensive [1] donne l’ordre à la nature, le badaud, lui, s’épanouit à la vue et l’utilisation de ses produits.

Contrairement aux forêts primitives, il serait vain d’attribuer une authenticité ou une quelconque croyance à celles régies par l’homme. Ces dernières restent néanmoins essentielles à l’équilibre de nos écosystèmes et tout autant pour nos besoins matériels depuis près de deux siècles.

Le terme japonais torii (鳥 居) désigne un portique symbolique. Cet élément architectural, retrouvé dans plusieurs régions et doctrines asiatiques, matérialise généralement une transition entre l’espace profane et le sanctuaire. La traduction littérale des kanjis 鳥 居 pourrait être « là où les oiseaux demeurent » [2].

Dans une futaie monospécifique, les intrus – animaux ou végétaux – sont rarement les bienvenus. L’arbre inopportun est délaissé s’il ne convient pas au calibrage des machines. Même à l’état de grume [3], il ne pourrait fournir un bois formaté.

Au cours d’une promenade, l’intention m’est venue d’utiliser un bois « prédestiné » aux ouvrages lourds pour le transposer dans un objet hybride, à la fois sculptural et multi-fonctionnel. Ce postulat de défiance m’imposait d’abord d’élargir mon propre questionnement à l’égard d’une logique mercantile.

Tout en maintenant volontairement ses dimensions standardisées, l’origine ligneuse du matériau employé est redécouverte. Sa texture fibreuse est valorisée tout comme sont devenues persistantes les traces laissées par l’immense machine qui la précédemment transformé.

not-a-torii

Ce projet manifeste le passage d’un état à un autre : du végétal vivant à celui de matière organique.

L’élaboration de la structure répond premièrement à une pratique technique, celle induite par l’utilisation de certains outils. En Asie, les travailleurs du bois ont pour habitude de s’asseoir ou de planter sur les pièces qu’ils façonnent manuellement. Ils utilisent pour ce faire des tréteaux dont la hauteur est en fonction de la tâche à réaliser. Ces dispositifs d’appoint se présentent bien souvent plus bas que ceux connus en Occident.

La création du plateau en complément a permis d’ouvrir un champs plus vaste quant aux usages possibles de l’ensemble. Ses contours, son encombrement et son aspect brutalisé limitent progressivement ces variations. Il en résulte une inévitable dysfonction inhérente à l’objet obtenu.

L’apport substantiel de l’élément plan à la structure réside dés lors dans le renforcement des lignes architecturales. Dénué de cet agrément, le bâti inopérant est quasiment dépourvu de sa charge allégorique.

not-a-torii
not-a-torii

CONCEPTION ET RÉALISATION

[1En Wallonie, seulement 10% des forêts ne sont pas « productives ». Dans les Ardennes belges, près de 50% des futaies sont composés d’une seule et même essence d’arbre résineux. http://iprfw.spw.wallonie.be/cy1-chiffres.php

[3Tronc coupé, ébranché et revêtu de son écorce.

Ce projet manifeste le passage d’un état à un autre : du végétal vivant à celui de matière organique. Un article sur la fabrication d'une sculpture fonctionnelle réalisée essentiellement à la main. Des assemblages japonais façonnés aux Ateliers Mommen, Bruxelles / Brussel / Brussels. Collectible design Brussels